La centrale des produits casher, basée à Paris-Nord, se dit prête à acheter une bonne partie de la production de la ferme des Mille vaches, pour avoir du lait répondant à ses critères.
Le lait casher, avenir de la ferme dite des Mille vaches ? Le responsable de l’exploitation, Michel Welter, reconnaît l’existence de contacts avec une société commerciale. Et confie : « Rien n’est signé, mais c’est une piste intéressante, sur laquelle nous travaillons. » Le président de la Centrale de produits casher, basée dans la zone de Garonord, est moins discret et espère bien passer contrat avec cette ferme. Si elle est devenue pour ses opposants le symbole de l’agro-industrie, elle est pour Mike Elliott le partenaire idéal.
Le lait sous surveillance
Selon lui, les principes religieux suivis par les juifs croyants imposent un suivi du lait consommé. Il doit être « issu d’un animal pur », comme la vache, et ne doit pas être le résultat de mélanges. Pour appliquer cette « loi biblique », des délégués sont donc missionnés pour surveiller la collecte, et offrir ainsi au consommateur la garantie que son lait, en bouteille ou dans un produit transformé, est bien casher. Mais il serait beaucoup plus coûteux de mener cette opération dans dix fermes de cent vaches que dans une de… mille vaches. « Nous allons donc en Pologne, en Roumanie et principalement en Allemagne, où il y a de grandes fermes », précise Mike Elliott. Qui se félicite de voir ce modèle arriver en France. « Cela nous facilitera la tâche. C’est une chance pour notre communauté. »
Il évoque aussi le développement économique que pourrait engendrer cette décision. Car le coût de transport sera moins élevé et sa société pourra faire appel à des entreprises de transformation situées en France. Elles pourront à leur tour se lancer dans la fabrication des fromages, des yaourts, des glaces et autres produits à base de lait casher. « Notre chiffre d’affaires est de 75 M € pour les produits laitiers.Notre plus gros marché en Europe, c’est la France. L’objectif est aussi d’exporter vers Israël et les États-Unis », souligne Mike Elliott. Qui rappelle : « Nous avons déjà 1400 produits dans de grandes marques. »
22 000 litres de lait par jour
Il se dit prêt à passer un contrat avec l’exploitation pour 22 000 litres de lait par jour, ce qui représenterait de 40 à 50 camions par jour. Et insiste sur le fait qu’un accord éventuel ne mettrait pas en péril les autres producteurs, car « de toute façon, le marché du lait casher n’existe pas en France pour l’instant ». Toutefois, il attend d’en savoir plus sur les procédures en cours, administrative et judiciaire, à l’encontre de la ferme des Mille vaches. Même s’il y voit une entrave à la liberté d’entreprendre. Quant à la polémique sur la ferme géante et ses éventuelles nuisances, « j’espère que ça va se calmer », confie Mike Elliott. Il ajoute, à l’attention des défenseurs des animaux, que les mêmes principes religieux interdisent de maltraiter les vaches.
XAVIER TOGNI