Synutra ou les débuts d’un casse-tête laitier dans l’Ouest
Après y avoir lourdement investi, le groupe chinois sème l’inquiétude en Bretagne chez Sodiaal et en Normandie chez Maîtres Laitiers du Cotentin.
C’est officiellement pour des raisons de qualité liées à la présence d’un dépôt au fond des briquettes de lait UHT destinées à la Chine que la nouvelle usine de Maîtres Laitiers du Cotentin (MLC), située à Méautis, dans la Manche, est à l’arrêt depuis début août. Synutra, unique client de ces briquettes, a en effet dénoncé un défaut dans le respect du cahier des charges, contraignant la coopérative à revoir son procédé de fabrication.
Cependant, le comportement du groupe chinois a de quoi inquiéter cette dernière vu les difficultés causées par Synutra dans sa relation avec son fournisseur privilégié, Sodiaal. Ce dernier est d’ailleurs en passe de négocier avec son client le rachat de l’usine de Carhaix-Plouguer, dans le Finistère, dans lequel Synutra a investi 170 millions d’euros. Des dettes fournisseurs sont, selon toute vraisemblance, à l’origine de retards dans la montée en charge de l’usine ces derniers mois. Par ailleurs, au site Candia de Saint-Étienne, dans la Loire, Sodiaal serait empêtré avec son client chinois depuis la mise en route des lignes de production de briquettes UHT, en juillet 2017, par des dénonciations répétées du respect du cahier des charges.
Contactée le 27 août, la direction de MLC n’a pour l’instant pas souhaité commenter ses relations avec son client. Pour MLC, une défaillance de ce dernier nécessiterait de revoir entièrement le modèle économique de son site. Avec 116 millions d’euros investis, la construction avait été envisagée sur la base d’un plan d’amortissement qui prenait en compte la signature d’un contrat de onze ans avec Synutra, portant sur la fourniture de 690 millions de briquettes de lait de troisième âge infantile.
L’usine a néanmoins été conçue dès le départ pour pouvoir être la plus polyvalente possible, notamment afin de délester l’outil de Sottevast, dans la Manche également, spécialisé dans la production de fromages frais. Pour cette première année de mise en service, le site de Méautis devait transformer environ 250 000 litres de lait par jour, principalement en briquettes de lait.