Il y a 2000 ans, les juifs donnaient à Jérusalem le même nom qu’aujourd’hui
Israël a dévoilé mardi une pierre gravée d’une inscription antique attestant que le nom de Jérusalem sous sa forme actuelle en hébreu était déjà en usage il y a deux mille ans
Les archéologues ont mis au jour en février dernier à Jérusalem un fût de colonne gravée de l’inscription « Hananiah fils de Dodalos de Jérusalem » en langue araméenne et en lettres hébraïques, évoquant le nom de la ville sous la forme utilisée aujourd’hui, Yeroushalaïm.
Or, Yeroushalaïm, tel qu’épelé et prononcé de nos jours, n’est documenté durant la période du Second Temple juif (1er siècle de l’ère commune) qu’en de rares occasions et dans un contexte religieux ou politique, explique David Mevorah, un responsable du musée d’Israël où la pierre est désormais exposée.
Le nom de la ville apparaît plusieurs centaines de fois dans la Bible, presque toujours sous la forme Yeroushalem, et seulement à cinq reprises sous la forme Yeroushalaïm, note Yuval Baruch, un responsable de l’Autorité archéologique israélienne. Yeroushalaïm est aussi répertorié sur une pièce juive datant de la Grande Révolte contre les Romains (66-73 de notre ère).
« Nous avons à présent l’assurance que durant la période du Second Temple, certaines personnes dans le secteur de Jérusalem utilisaient le même nom que nous aujourd’hui, Yeroushalaïm, quand elles prononçaient, lisaient ou épelaient le nom de la ville. Nous nous rendons compte que le nom a une racine très profonde, ce n’est pas une création moderne, il n’a pas été forgé par la diaspora », affirme M. Baruch.
« Amenez des enfants ici (lisant l’hébreu), ils pourront lire 50 % des lettres » de l’inscription, s’enthousiasme-t-il.
La pierre faisait partie initialement d’un village de potiers juifs remontant au 2e siècle avant l’ère commune présente à proximité de Jérusalem. Le site, aujourd’hui en plein Jérusalem, a été reconverti au début du 2e siècle de l’ère actuelle par la 10e Légion romaine en un atelier de céramique. La même légion qui a détruit Jérusalem et le Second Temple juif en 70.
La pierre a été réemployée dans un alignement de colonnes le long d’un bassin. Comme elle a été sortie de son contexte original, on ignore sa vocation : Hananiah, artiste ou artisan, faisait-il la publicité de son atelier ou bien la pierre constituait-elle une donation à un édifice public, s’interroge M. Mevorah.
Quand à Dodalos, probablement un surnom, il renvoie vraisemblablement à Dédale et à « l’ancienne tradition des juifs vivant ici et adoptant la façon de vivre des Grecs » depuis la conquête par Alexandre le Grand, dit-il.
Comme souvent à Jérusalem, les fouilles ont été lancées après l’ouverture d’un chantier de construction.