Escroquerie: 7 hommes seront jugés en France dans l’affaire du « faux Le Drian »
Ils devront répondre, à des degrés divers, d' »association de malfaiteurs », « escroquerie en bande organisée » ou « prise du nom d’un tiers »
Armés d’un masque et d’un culot inédit, ils se sont fait passer pour le ministre français Jean-Yves Le Drian auprès de riches personnalités, leur extorquant plus de 50 millions d’euros: sept suspects, issus principalement du milieu franco-israélien, seront jugés en France.
Ces sept suspects impliqués dans cette escroquerie devront répondre devant un tribunal correctionnel à Paris à des degrés divers d’ »association de malfaiteurs », « escroquerie en bande organisée » ou « prise du nom d’un tiers », selon une ordonnance des juges Clément Herbo et Aude Buresi datée du 30 août, dont l’AFP a eu connaissance.
Le premier est considéré comme l’inventeur des arnaques aux « faux ordres de virement » (Fovi) ou « faux président », un procédé devenu classique où des malfaiteurs se font passer pour des chefs d’entreprises afin de se faire transférer de grosses sommes d’argents par des collaborateurs.
Ce Franco-israélien a été condamné en 2015 à sept ans de prison par contumace et un million d’euros d’amende pour avoir escroqué plusieurs grandes entreprises.
En fuite, il a arrêté en 2017 en Ukraine en compagnie de M. Lasarevitsch.
Dans les téléphones des deux suspects, qui nient toute responsabilité dans cette affaire, les enquêteurs français découvriront les prémisses de leur prochain coup, l’usurpation de l’identité du prince Albert II de Monaco, et la photo d’un premier essai – peu concluant – de masque en silicone le représentant.
L’affaire dite du « faux Le Drian » avait démarré à l’été 2015, lorsque le ministère français de la Défense, alors dirigé par l’actuel ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avait signalé à la justice le fait que des escrocs usurpaient l’identité du ministre et de ses collaborateurs auprès de plusieurs ambassades et de dirigeants d’entreprises.
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Paiement de rançons pour libérer des otages, financement d’opération secrète ou de lutte contre le terrorisme: les aigrefins avancent différentes raisons pour convaincre leurs interlocuteurs de verser sans délai plusieurs millions d’euros, contre la promesse d’un remboursement ultérieur par la France.
Selon les enquêteurs, plus de 150 cibles seront approchées, parmi lesquelles des chefs d’Etats africains, comme Ali Bongo, des associations humanitaires telles que le Sidaction, ou des dignitaires religieux.
Au bout du compte, quatre victimes identifiées tomberont dans le piège en 2016, en premier lieu le chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens, le prince Karim al-Hussaini dit Karim Aga Khan IV, à la fortune colossale.
Persuadé de s’être entretenu au téléphone avec le ministre français, le philanthrope, alors âgé de 79 ans, ordonne pour 20 millions d’euros de virement de sa fondation AKDN, en mars 2016, sur des comptes en Pologne, en Chine et en France. Trois versements sur cinq seront in fine bloqués, mais 8 millions d’euros disparaissent dans la nature.